Rentrée universitaire: une troisième saison en enfer pour les étudiant-e-s précaires ?
« Jadis, si je me souviens bien, ma vie était un festin
où s’ouvraient tous les cœurs, où tous les vins coulaient.
Aujourd’hui, si je résume bien, ma vie est un pétrin
où j’ouvre tous les jours un robinet tari.
Vachard, l’Etat m’a assis, puis mis à genoux.
– Et la pilule est amère. – Et je suis dégouté.
Je me sens désarmé contre l’injustice. »
Jean Baudry, étudiant en systémique des fluides méphistophéliques
à l’Université de Lausanne et porte-parole de SUD-EP
Deux années consécutives de retards d’attribution des prestations sociales aux étudiant-e-s, en particulier s’agissant des subsides à l’assurance maladie et des bourses d’études. Est-ce que nous allons vivre une troisième saison de cet enfer pour les étudiant-e-s les plus précarisé-e-s ?
En ce jour de rentrée, SUD Étudiant-e-s et Précaires a écrit au Conseiller d’État, Chef du DSAS, M. Pierre-Yves Maillard, pour qu’il prenne des engagements clairs afin que les attributions se fassent dans des délais supportables. Les assurances maladies pèsent un poids extrêmement lourd dans le budget des étudiant-e-s et les bourses constituent le dernier filet social de ces derniers/ères qui n’ont pas accès à l’aide sociale.
L’ensemble des prestations sociales étant maintenant lié, par le système du Revenu déterminant unifié (RDU), le retard d’attribution de l’une se répercute sur l’autre, en plus du retard de chaque service. L’année passée certain-e-s étudiant-e-s ont reçu leur décision d’attribution de bourse au milieu du second semestre universitaire. D’autres ont reçu leur décision de l’OVAM sur leur subside plus de six mois plus tard, ce qui semble être la norme aujourd’hui pour l’ensemble de la population. C’est inacceptable.
Les services de l’État, et nous l’avons montré à plusieurs reprises s’agissant de l’Office des bourses, travaillent en flux tendu et sont en sous-effectif structurel. Nous doutons fortement qu’ils soient en mesure d’affronter le flux des demandes malgré les annonces d’augmentation des effectifs.
L’annonce du Conseil d’Etat d’attribuer un subside à toute personne dont la prime dépasse les 12%, puis les 10%, de son revenu, va considérablement augmenter le nombre de bénéficiaires. Jusqu’au 1er janvier 2019, c’est plus de 80’000 personnes supplémentaires qui seront concernées.
- Est-ce que l’augmentation des effectifs annoncés de l’OVAM permettra d’absorber de manière permanente le flux de nouvelles demandes alors que le service accuse déjà des retards de plusieurs mois ?
- Comment vivront les étudiant-e-s boursiers/ères qui doivent attendre la décision de l’OVAM avant que leur dossier de bourse ne soit traité ?
- Les caisses maladies n’attendent pas que l’OVAM statue pour mettre les gens aux poursuites. Avec un retard de plusieurs mois, c’est bien ce qui se passe. Que compte faire le Conseil d’État pour éviter que les retards de l’OVAM alimentent le nombre de personnes mises aux poursuites, avec les conséquences cruelles que l’on connaît ?
Ces prestations sociales sont un droit. L’État doit y permettre l’accès le plus facilement et rapidement possible. En ceci nous soutenons que les subsides d’assurance maladie doivent être attribués automatiquement aux personnes concernées. L’Etat possède l’ensemble des données pour le faire, tel que cela se pratique dans le canton du Valais et de Genève.