EPF : Diviser les étudiant-e-s pour mieux les taxer et les sélectionner
Suite logique d’une motion appuyée par le bloc UDC et les Verts libéraux, avec le soutien décisif d’une partie des parlementaires socialistes, le Conseil Fédéral ouvre la possibilité du triplement des taxes pour les étudiant-e-s étrangers/ères dans les EPFs et l’introduction de quotas pour ces derniers/ères.
Avec ce nouveau changement législatif, c’est près de 40 % des étudiant-e-s de l’EPFL qui verront leur taxe d’étude tripler et se voir appliquer des numerus clausus. Par cette politique, le Conseil Fédéral, avec l’appui de la droite et des socialistes, fait le jeu de l’UDC : la division des jeunes en formation entre Suisse-sse-s et étranger/ères s’inscrit clairement dans le sillage de la votation du 9 février 2014. En s’appuyant sur une distinction fondée par le passeport, et en fragilisant socialement une partie importante des étudiant-e-s, elle a pour objectif de restreindre toujours plus l’accès aux hautes études et d’accélérer le processus de marchandisation du savoir. Nous refusons cette logique de division sociale et de nous revendiquons l’égalité de droit pour toutes et tous.
Importer des travailleurs/euses qualifié-e-s sans payer un centime de leur formation : voilà ce que poursuivent les milieux dirigeants de ce pays. Alors que la Suisse a un taux de diplômé-e-s universitaires dans la population plus bas que la moyenne de l’OCDE et que de nombreux secteurs manquent de main d’œuvre qualifiée, c’est avec une logique court-termiste qu’ils s’attaquent systématiquement à la formation et à la relative démocratisation des études.
L’augmentation généralisée des taxes d’étude dans l’enseignement universitaire est dans le sillage de cette réforme. Cela n’est un secret pour personne puisque cette nouvelle attaque fait suite au retrait de la première mouture de cette loi qui voulait doubler les taxes pour toutes et tous les étudiant-e-s de l’EPFL. Partout dans le monde, les étudiant-e-s se battent contre les augmentations de taxes qui visent à faire porter individuellement le coût des études, quitte à devoir contracter un prêt sur plusieurs années. L’éducation doit être un service public qui offre un accès universel au savoir. Nous revendiquons la gratuité complète de l’éducation, de l’école enfantine jusqu’aux études supérieures.
Les étudiant-e-s étrangers/ères: un laboratoire de réduction des droits. Les étudiant-e-s étrangers/ères vivent déjà avec un statut très précaire. Ils/elles ont un permis de séjour limité et sont toujours susceptibles d’être expulsé-e-s. Ils/elles n’ont le droit de travailler que 15h par semaine et doivent quitter la Suisse après leurs études. Ils/elles sont la cible principale des politiques de précarisation et servent de levier pour leur généralisation à toutes et tous les étudiant-e-s.
L’égalité des droits est la seule garantie d’une défense des intérêts de toutes/tous ! Nous revendiquons l’égalité de statut et de condition entre les étudiant-e-s étrangers/ères de toute origine et les étudiant-e-s indigènes. Nous refusons toute hausse des taxes d’études ou mise en place de contingents selon l’origine. Nous exigeons que des permis de séjour de longue durée soient délivrés, avec le droit de travailler librement et de rester après les études.
Nous appelons toutes les organisations concernées par la condition étudiante à se mobiliser contre cette nouvelle mouture de la loi sur les EPF. Les étudiant-e-s n’ont pas à payer la politique antisociale et à court terme des gens qui gouvernent ce pays et qui dirigent son économie.
SUD Étudiant-e-s et Précaires, le 15 septembre 2015