Retards et coupes dans les bourses d’études en Valais
Téléchargez la lettre à Freysinger en PDF
Alors que le semestre académique est déjà bien entamé, de nombreux/euses étudiant-e-s et élèves valaisan-ne-s n’ont toujours pas reçu leur décision d’attribution de la part du département de M. Freysinger concernant les bourses 2014-2015. Ce retard laisse ainsi présager que les versements n’interviendront pas avant le mois de novembre, soit à la mi-semestre.
Notre syndicat a été mandaté par plusieurs étudiant-e-s valaisan-ne-s. Nous avons écrit aujourd’hui au Chef de département du DFS pour lui demander des explications et exiger que les versements soient faits dans les meilleurs délais. Nous lui avons notamment demandé si la coupe précipitée de 1.2 millions, menée par voie d’ordonnance et à l’insu du parlement au début du mois de septembre, en est la cause. De plus, nous avons demandé au DFS de verser des intérêts usuels de 5% pour le retard qu’il accuse dans le versement des bourses, comme il est d’usage dans les relations contractuelles.
Cette attente met aujourd’hui les boursiers/ères du Canton du Valais dans une situation de précarité inacceptable. La pratique de M. Freysinger marque le peu de respect qu’il porte à l’égard des conditions de vie et d’études des étudiant-e-s. Sans compter que le Département n’a pas pris le soin d’avertir les demandeurs/euses du retard qu’il accuse.
La rentrée universitaire est particulièrement lourde en frais de livres et d’inscription. Plusieurs universités (dont l’UNIL) menacent même d’exmatriculation tout retard dans le paiement des taxes d’études. Le retard du DFS est donc particulièrement inacceptable. Cette situation ne peut plus durer.
Notre syndicat a aussi été saisi par les quelques étudiant-e-s qui ont reçu cette semaine, les premiers/ères décisions. La politique d’austérité se matérialise dans ces dernières : des bourses tout simplement perdues, réduites de plus de la moitié, sans explications.
Les bourses d’études font partie du budget d’existence des étudiant-e-s boursiers/ères. Elles ne sont ni de l’argent de poche, ni un cadeau de bonne grâce. Elles sont un droit qui répond à celui d’avoir accès aux études et à une condition matérielle suffisante pour les mener à bien.
Alors que le pouvoir d’achat des bourses en Suisse a fortement baissé sur les deux dernières décennies, cette politique menace les besoins de base des étudiant-e-s. Cette précarisation n’est pas seulement matérielle. Elle met aussi en jeu la bonne poursuite des études et par conséquent promeut l’échec et l’abandon. En fait, elle accentue la sélection de tout le système éducatif pour restreindre l’accès aux études supérieures.
De surcroît, cette réduction du pouvoir d’achat des étudiant-e-s vise à leur couper tout accès à l’autonomie matérielle. Les étudiant-e-s valaisan-ne-s sont obligé-e-s de vivre hors de la maison familiale ou d’acquérir un abonnement de transport public relativement cher pour accéder à l’enseignement supérieur. Ces coupes exercent sur le revenu familial une pression supplémentaire. Elles contraignent bien souvent les étudiant-e-s à travailler en parallèle, avec toutes les conséquences que cela implique sur leurs études. En effet, le taux d’échec aux examens est déterminé par cette réalité. Car les études sont prévues comme des temps pleins. Depuis Bologne c’est explicite : 40 heures par semaine.
La soi-disant contrainte budgétaire est le résultat de la politique que M. Freysinger et son parti, notamment, ont toujours soutenu : celle des cadeaux fiscaux aux entreprises et aux privilégié-e-s et du mécanisme automatique du frein à l’endettement. Il est irrecevable que cette contrainte serve à justifier les attaques sur le pouvoir d’achat des boursiers/ères.
Nous demandons que les jeunes en formation puissent bénéficier d’une véritable garantie de revenu, assurant des conditions de travail aux études correctes et permettant une véritable autonomie matérielle. Cela implique que les bourses soient calculées sur la base des besoins réels et non sur la base des politiques d’austérité qui frappent toute l’Europe.