FMEL: de la banalité des pratiques invasives
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Caméras dans les salons et les cuisines, avertissements, amendes et expulsions, contrôles systématiques du nettoyage, intrusions incessantes dans la vie privée, interdiction d’héberger un-e ami-e ne serait-ce que pour un soir, … voilà le quotidien des étudiant-e-s logé-e-s dans la Fondation Maisons pour Etudiants Lausanne (FMEL).
Notre syndicat a été saisi par plusieurs étudiant-e-s pour mettre un terme à ces pratiques humiliantes et infantilisantes. Les choses bougent. Nous avons pu obtenir la désactivation des caméras.
Nous organisons la défense individuelle des locataires et étudions toutes les possibilités, syndicales et juridiques, pour supprimer ces règlements et pratiques inacceptables que nous avons dénoncés au Conseil de Fondation.
En cas de problème avec la FMEL ou une autre maison d’étudiant-e-s, contactez-nous.
L’intéressant dans toute cette affaire, même pour celles et ceux qui n’habitent pas en maison d’étudiant-e-s, c’est que ces politiques se reposent systématiquement sur le fait que les étudiant-e-s ne sont pas des locataires comme les autres.
Cela justifie l’instauration de règles humiliantes et l’intrusion dans la sphère privée. Cela justifie que la FMEL prescrive ce qu’ils/elles peuvent faire de leur appartement, que la FMEL encadre ce qu’ils/elles peuvent faire de leur temps libre.
Nous avons récolté de nombreux témoignages. La peur, le règne de l’arbitraire, le sentiment de n’être pas chez soi sont omniprésents. Le niveau de violence symbolique est extrêmement élevé.
Bien que ces locataires paient des loyers au prix du marché, ce système disciplinaire s’appuie sur le fait que la majorité des locataires sont des étudiant-e-s étrangers/ères qui, en cas d’expulsion, se retrouveraient en grande difficulté pour se reloger. La condition très précaire des étudiant-e-s étrangers/ères est utilisée comme levier pour instaurer du commandement et de la discipline au sein des maisons étudiantes.
Ce qui frappe, c’est que ces pratiques finissent par devenir banales. On subit en se disant que ça ne durera que quelques mois. Beaucoup n’osent plus rien dire. Jusqu’à ce que ces politiques deviennent de plus en plus excessives et se généralisent. Il faut y mettre un terme rapidement. Il s’agit de notre droit à pouvoir construire notre vie librement, notre droit à l’intimité, à la personnalité et à la dignité qui est attaqué.