Eracom : La lutte paie mais doit continuer
Ensemble, souhaitons de bonnes vacances à la direction et aux autorités cantonales. Éperon, profites bien du soleil, on se retrouve à la rentrée !
En février dernier, des étudiant·es de l’Eracom se sont constitués en groupe de lutte affilié à SUD-ep. La situation était alors alarmante : manque de tout, climat autoritaire et arbitraire, qualité des cours et suivi pédagogique inévitablement détérioré (voir notre article du 18.02.24). Ensemble, nous avons formulé une analyse de la situation et une série de revendications afin d’interpeller la direction et les autorités cantonales. En parallèle, des étudiant·es se sont exprimé·es dans la presse. Face à la pression syndicale et médiatique doublement exercée par les étudiant·es mais aussi par le corps enseignant qui se mobilise depuis 2022, la hiérarchie a accepté de nous rencontrer à deux reprises. Voici un retour sur les événements et un état des négociations à l’aune des vacances d’été.
Le feu du pouvoir d’agir
Face à la montée de la contestation, la direction a été forcée de rencontrer les étudiant·es. Une assemblée constituée des délégué·es de classe, d’un groupe syndicale affilié à SUD-ep, de l’ensemble de la direction de l’Eracom et de Lionel Eperon (le Directeur général de l’enseignement postobligatoire du Canton de Vaud) s’est réuni par deux fois en mars et en avril 2024. Nous saluons la forme démocratique de la rencontre, la participation étudiante étant au cœur de nos revendications. Cela étant dit, nous ne sommes pas dupes. Inviter l’ensemble des délégué·es face à un groupe syndical encore minoritaire était une tentative de division et de décrédibilisation de notre initiative. L’injonction d’annoncer son affiliation au syndicat avant chaque prise de parole l’illustre bien. Sur ce point, la direction s’est trompée car les étudiant·es ont fait front commun. L’ensemble des interventions ont convergé et les accusations ont principalement ciblé la direction et les autorités cantonales.
Dès le début, la hiérarchie a essayé d’apaiser les esprits et nous a enjoint à ne plus communiquer dans la presse. Nous paraphrasons Eperon. Il a ouvert la première séance, en disant vouloir « éteindre l’incendie ». Pourtant, sans la pression syndicale et médiatique, l’assemblée n’aurait pas eu lieu, preuve en est les multiples tentatives précédentes des étudiant·es d’interpeller la direction. Le dialogue social est un piège que nous devons constamment éviter. Notre voix n’a pas de poids sans moyens de pression. La démocratie s’instaure par le rapport de force. Reprenant une métaphore pyromane, force est de constater que le feu de la contestation étudiante est le moteur du changement et de la démocratisation.
Ping pong et mauvaise foi
Durant les réunions, la direction et les autorités cantonales ont tenté de mettre la responsabilité sur le corps enseignant. Bien que nous admettions qu’il y ait des enseignant·es posant problème, nous avons recentré la question sur la responsabilité de la direction. Ce sont eux qui sont payés pour assurer la gestion de l’école et les problèmes quotidiens. Ils se sont alors renvoyés la responsabilité en fonction des thèmes abordés. Une véritable partie de ping pong, la direction et Éperon se renvoyant la balle à tour de rôle. De plus, la hiérarchie a fait preuve d’une mauvaise foi et d’un cynisme caractéristique. Ainsi, l’instauration d’un wifi parfaitement fonctionnel semble être un défis technique insurmontable ; les retards des notes sont un problème informatique dépassant leurs compétences ; les nouveaux plans d’études inadaptés représentent un mal nécessaire, des pots cassés inévitables lors d’une réforme des CFC ; les comportements déplacés relèvent selon eux de la responsabilité individuelle, ils n’y peuvent rien ; le matériel manquant dépend des budgets ; les problèmes endémiques sont l’héritage de leurs prédécesseurs ; etc. Nous ne sommes pas surpris, l’enfumage est une méthode classique du pouvoir durant les négociations. Personne n’est tombé dans le panneau et nous avons persévéré.
Seule la lutte paie
Malgré les obstacles, la détermination et la participation des étudiant·es ont porté leurs fruits. Afin de calmer les esprits, la direction a très rapidement changé du matériel : nouvelles imprimantes couleurs, micro-ondes, écrans fonctionnels en classe de photos, fonctionnement wifi amélioré. Ces améliorations sont salutaires. Pourtant, nous ne sommes absolument pas satisfait·es. Les problèmes structurels d’organisation ne sont absolument pas réglés. Un exemple parmi d’autres, certain·es étudiant·es n’ont encore pas reçu la moindre note sur toutes évaluations de l’année en cours. Cela les empêche de se préparer stratégiquement aux examens, préférant travailler davantage telle ou telle matière. De plus, le climat d’étude ambiant reste pesant et délétère.
Nous restons convaincu·es que seule une mobilisation étudiante constante et pérenne permettra de résoudre ces problèmes. Cet été, le poste de directeur change de main. Afin d’avertir la prochaine personne en charge de l’établissement, qui n’a pas encore été nommée, et de montrer aux autorités cantonales que, malgré les vacances, nous restons déterminé·es à voir l’Eracom devenir une école exemplaire, démocratique et où il fait bon vivre, nous menons une action syndicale, jeudi 20 juin 2024 à 16h, devant l’entrée principale. Nous invitons tous les membres de l’école soutenant notre mobilisation à se joindre à nous pour afficher notre mécontentement mais aussi pour nous rencontrer, pour discuter et pour préparer la rentrée.
R.D.V. jeudi 20 juin à 16h devant l’Eracom !
Venez et faites venir !