14 juin 2024 comme tous les jours : Contre l’exploitation
Ci-dessous notre contribution au tract unitaire du 14 juin 2024 élaboré au sein la Fédération syndicale SUD
Deux facettes du travail du care durant la formation
Le travail de care (soins), c’est-à-dire, entre autres choses, la garde des enfants et les tâches ménagères qui en découlent, est encore majoritairement assigné aux femmes. Ce travail est souvent non rémunéré, effectué gratuitement dans la sphère domestique. Comme tout travail reproductif, il peut également être salarié et il est dans ce cas délégué à d’autres femmes. Ces professions reliées à la garde d’enfants, dites féminisées, sont souvent mal payées et mal encadrées. Les femmes en formation – étudiantes, apprenties, stagiaires – n’échappent pas cette injonction au travail du care. Elles peuvent être mères, proches aidantes ou monitrice d’un groupe d’enfants. Durant l’année 2023-2024, notre pratique syndicale s’est confrontée aux deux cas de figures emblématiques précédemment exposés : travail domestique et travail salarié dans un centre d’animation pour enfants. Revenons sur ceux-ci afin d’illustrer comment ce travail de care s’articule avec une formation universitaire ou professionnelle.
Mère et stagiaire
Durant sa grossesse, une de nos membres a interrompu temporairement ses études. Après avoir accouché, elle a repris la dernière partie de sa formation comprenant un stage professionnel. La durée maximale de sa formation étant bientôt atteinte, elle a voulu prendre toutes les précautions nécessaires afin que son stage se passe pour le mieux : pas le droit à l’erreur ! Lors de la signature de sa convention de stage, elle a donc informé son futur maître de stage qu’elle avait besoin d’une organisation stricte de ses horaires et de retours d’évaluation dans des délais préétablis afin de pouvoir combiner ses nouvelles obligations de mère avec son stage de fin de formation. Son maître de stage n’a pas respecté ses engagements. De plus, suite à la manifestation de son mécontentement, elle a subi des intimidations et des mauvais traitements au travail. Son stage s’est soldé par un échec mettant en péril ses quatre ans de formations. Depuis une année, un recours est en attente d’une décision finale. Incertitude. Combiner une maternité et le travail qui en découle avec une formation représente donc encore un obstacle parfois infranchissable. Nous espérons cependant obtenir gain de cause.
Garde d’enfant : exploitation et précarité étudiante
En septembre dernier, grâce à notre présence aux portes ouvertes de l’UNIL, nous sommes entré-es en contact avec un groupe d’étudiantes ayant travaillé durant l’été comme monitrice dans une association d’accueil de jour pour enfants et qui se plaignaient de ne pas avoir été payées. En effet, voilà plusieurs mois qu’elles attendaient salaire. Nous avons engagé rapidement les démarches afin qu’elles perçoivent leur dû. Ce n’était que le sommet de l’iceberg ! Primo, sans qualifications, elles n’étaient payées qu’entre 8.- et 10.- de l’heure (!). Secundo, en position de faiblesse, contrat flexible à la carte, l’employeur pouvait congédier les monitrices à la fin de chaque jour et il les a mis plusieurs fois en congé non payé sans leur consentement pour faire des économies. « C’est mieux pour toi », a dit l’autre ! Tertio, l’engagement minimal à fournir des repas durant les longues journées de 10h de travail sans pauses, surveillance des enfants oblige, n’était même pas systématiquement respecté. Après les avoir accompagnés aux Prud’hommes, elles ont toutes touché leur salaire avec plusieurs mois de retard et quelques maigres compensations. Le plus scandaleux est peut-être qu’elles ont trouvé cet emploi sur le portail des jobs étudiants de l’UNIL. Informée, la plateforme a depuis lors retiré les annonces de cet employeur.
Ensemble, nous devons doublement lutter, d’abord, contre l’assignation de ce travail aux femmes et, ensuite, pour l’augmentation des salaires et l’amélioration des conditions de travail dans les secteurs professionnels du care. D’un côté, la précarité étudiante peut pousser vers des emplois mal rémunérés, dans la garde d’enfant notamment, de l’autre, la maternité peut représenter un obstacle à la formation. Deux facettes d’un même problème : l’exploitation patriarcale et capitaliste.
SUD Etudiantes et Précaires